En bon français, je peux passer des heures au café, à regarder les gens passer, bavarder de tout et de rien, ou simplement lire ou rêver. Chose que ma femme ne conçoit pas. Pour elle, on marche dans la rue vers un objectif précis et on part du café au bout d'un moment. Elle ne flâne qu'à la maison.
Faut dire que se balader et se perdre à Rio est plus dangereux qu'à Paris. Ici, c'est le genre d'endroit où passer par le mauvais chemin en voiture peut terminer en tirs sur le pare-brise. É raro mas acontece muito (vous devez savoir à présent ce que ça signifie).
Comme diraient les brésiliens « graças a Deus », je ne me suis jamais retrouvé pointé par une arme à feu. Les brésiliens sont plutôt religieux, ce qui me paraît parfois étrange, ayant vécu la plupart de ma vie en France; mes amis les plus religieux étaient mes amis musulmans.
Je ne sais pas d'où viennent les préjugés que j'ai par rapport à la religion. J'ai l'impression que les gens très croyants sont un peu bébête, voire dangereux. Peut-être que c'est parce que j'ai appris que l'Église catholique a retardé les progrès scientifiques. Bon aussi, j'ai vu des bandes de fous. Des trucs qui ressemblent à des sectes qui passent tranquille à la télé.
Dans mes moments de doute, je me dis que j'aimerais avoir un appui spirituel. Et j'envie ceux qui demandent à Dieu de l'aide. Moi, j'suis face à moi-même à me demander quoi faire de cette vie. Mais c'est peut-être un truc normal par lequel tout le monde passe.
On est trop occupé par le travail, la vie, les obligations, qu'on en oublie cette importante question. On suit un rythme qui fait qu'on répète les mêmes gestes jour après jour. Puis quand l'horloge n'a plus de batterie, on se prend cette question à la gueule, aussi violemment que quand on se prend une droite pour la première fois.
Je suis bouddhiste et, malgré mes étés passés à visiter le monastère, tout ce que j'ai appris ne sont devenus que mots que je comprends intellectuellement. J'étais peut-être trop jeune quand j'y suis allé, et je ne connaissais pas la douleur d'être vivant.
C'est pourtant bizarre de souffrir quand on a tout pour être heureux. Il y a des années, j'aurais appelé ça avoir des problèmes de riche. Au fond, mes problèmes de riche ne sont pas si différents de mes problèmes de pauvre.